Le design inclusif
- Aurélie Russanowski
- 1 nov. 2022
- 3 min de lecture

L’inclusion comme réponse aux enjeux de la diversité est une préoccupation désormais normale et nécessaire des marques et des entreprises. Nombreuses sont les marques qui ont embrassé le thème de l’inclusion pour se positionner par rapport aux concurrents; encore plus nombreuses sont celles qui ont tenté de se montrer inclusives le temps d’une campagne ou le temps d’un post sur Facebook. En 2022, cependant, pour être qualifier de marque inclusive, la communication ne suffit plus. Apple en fait d’ailleurs les frais depuis le début de l’année. En janvier 2022, Apple avait dévoilé une nouvelle liste d’emojis et intégré un homme enceinte dans sa panoplie de symboles. Cet emoji est à présent disponible depuis quelques jours; depuis la dernière mise à jour du logiciel. Les critiques sont nombreuses. Car ce qui devait être un homme enceinte-pour intégrer les personnes transgenres- devient un homme qui a bu trop de bières ou qui a trop mangé. Certains accusent même Apple d’avoir créé un emoji appelant au fat shaming - c’est-à-dire inciter à se moquer des personnes plus grosses. Ces critiques assez virulentes envers Apple m’ont interpellée car je doute qu’elles auraient été aussi véhémentes il y a quelques années. Au contraire, beaucoup aurait trouvé cela génial. Mais un emoji au final, ce n’est que de la communication.
Et la communication ne suffit plus. Les gens n’ont jamais été aussi critiques et sceptiques envers les marques. Il y a une véritable rupture de confiance, un besoin de preuves concrètes, un besoin de fond et de vérité. Cela dans tous les domaines. Pour être une marque véritablement inclusive aujourd’hui, cela passe donc par l’innovation : des produits, des services et des expériences conçus pour inclure une audience jusque-là oubliée et apportant une solution à des problèmes basiques jusqu’à présent ignorés. L’inclusion se réfléchit à la base. On parle d’inclusive design - de design inclusif. On pense, on réfléchit l’inclusion au moment de la conception d’un produit, d’un service, d’une expérience.
Dans le domaine de la beauté, je vous présente la marque Olay. Une marque de soins visage qui a développé un couvercle à ouverture facile. Le couvercle des crèmes visage a des ailes des deux côtés pour une ouverture plus facile lorsqu’on a des problèmes de dextérité, les étiquettes sont plus contrastées et comportent également un texte en braille pour les personnes malvoyantes et non voyantes. Les plans sont disponibles gratuitement sur le site de la marque afin que n’importe quelle marque de cosmétique puisse les réutiliser. Et c’est en cela que la marque axe sa communication.
Dans le domaine de la mode, c’est bien entendu la marque Nike qui s’est positionnée voilà des années sur la diversité et l’inclusion en intégrant le design inclusif. C’est-à-dire en concevant des produits pour des personnes jusque-là ignorées des marques de vêtements de sport. Après la collection pour femme enceintes, le hijab, Nike a introduit l’année dernière les Nike FlyEase : des baskets que l’on peut enfiler et retirer sans les mains - qui se plient en deux lorsqu’on veut les mettre et qui s’ajustent si bien qu’on ne voit pas la différence avec des baskets ordinaires.
Dans le domaine du travail, des entreprises redessinent l'environnement de travail pour qu'il soit adapté aux personnes sensibles : des éclairages adaptés, des pièces insonorisées, des zones d'isolement. Mais c’est aussi l’exemple d’Ernst & Young - un cabinet de conseil - qui a développé une politique d’engagement de profils atypiques telles que les personnes autistes. En effet, 58% des jeunes adultes autistes ne trouvent pas d’emplois. Or c’est la diversité de pensée qui permet de trouver des solutions créatives et innovantes pour solutionner les défis auxquels nous sommes confrontés. Leur programme s’appelle d’ailleurs : le programme de neurodiversité pour l’excellence.
Au travers de ces exemples, j’avais envie de vous démontrer deux choses.
La première est que le débat autour de l’inclusion se limite trop souvent au genre et à la couleur de peau. Même si des efforts sont à faire à ce niveau-là, la diversité ne se limite pas à cela. L’inclusion est avant tout accepter que chacun est unique, dans ses multiples diversités.
La deuxième est que d’appliquer des principes de design inclusif pourrait véritablement conduire à une société plus harmonieuse : plutôt que d’imposer à chacun de se conformer à un modèle de société, à un mode de fonctionnement; c’est l’environnement qui s’adapte à chacun, de manière fluide car pensé à la base.
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