What the f*ck?!
- Aurélie Russanowski
- 30 oct. 2023
- 4 min de lecture
Les sorcières et les monstres ne me font pas peur. Les fantômes encore moins !
Qui n'a pas craqué en regardant Casper et Kat tomber amoureux l'un de l'autre? :)

À l'inverse, l'être humain me donne des sueurs froides... Il y a les guerres, il y a le terrorisme, il y a l'inaction et il y a aussi les nouvelles tendances de consommation. Des nouvelles pratiques ou des nouveaux concepts qui plaisent à beaucoup, en font rire certains et en terrifient d’autres, comme moi.
Les nouvelles pratiques que je vais énumérer ci-dessous me terrifient personnellement. Une fois n'est pas coutume, je ne vais pas tenter de les analyser ni de les chiffrer. Ces concepts et ces tendances de consommation qui me font peur au premier abord, m’interpellent ensuite. Car en grattant derrière chaque tendance, on pourrait déceler une spirale négative de la société entraînant le besoin de s’évader, un rejet de l’être humain qui fait tant de mal à la nature si bien qu’on a envie d’être autre chose, une solitude grandissante amenant à des concepts de connection farfelus.
La première tendance qui me terrifie est le marchandage de l'amitié
A Tokyo, il existe un café - Le Tomodachiga Yatteru Cafe - Le café tenu par des amis - dans lequel le personnel qui y travaille sont aussi des acteurs qui prennent le temps de prendre un café avec les clients tout en prétendant les connaître depuis longtemps. En d’autres termes, on y va pour retrouver de faux vrais amis. Le but étant de briser la solitude qui est une véritable épidémie au Japon et pourquoi pas de créer de vraies nouvelles relations. L’existence de ce café est massivement relayée par les Tiktokeurs qui trouvent le concept génial. Et comme il est bien connu que les bons comptes font les bons amis, les clients n’échappent pas à l’addition.

La deuxième tendance qui m'effraie est le mermaiding
Ou l’art de nager comme une sirène. Ce n’est pas nouveau. On en parle depuis une petite dizaine d’années. Des hôtels, des spas et des centres aquatiques proposent à leurs clients d’enfiler une queue de sirène et de nager comme Ariel. Ce qui m’interpelle c’est que la tendance explose depuis le Covid19, encore plus depuis la sortie de La Petite Sirène sur les écrans cette année.
Il existe aujourd’hui des compétitions de sirène, des élections de miss sirène. En France, le concours consiste en 4 épreuves : tenir 25 secondes en apnée et en costume de sirène, montrer son aisance sous l’eau et faire quelques figures, créer son propre soutien gorge de sirène et défiler en maillot de bain et de robe de soirée pour montrer, je cite, son aisance sur la terre.

Les participantes à ce concours justifient leur passion pour le mermaiding par le besoin de s’accepter, par la nécessité de fuir un quotidien trop lourd, d’autres encore aiment cela tout simplement. Je suis interpellée ou plutôt déçue car cette pratique reste véritablement une pratique de consommation avec un but plutôt individuel lié à l’image. Il n’y a, par exemple, par une volonté de vouloir défendre les océans.
La troisième tendance qui m'interpelle plutôt que de m'émerveiller est le traffic mirror selfie
Cela consiste à photographier avec son téléphone portable son reflet dans un miroir routier qui est généralement placé à une sortie de garage, dans un métro et à d’autres endroits des voies publiques.

A nouveau la tendance sévit sur TikTok parmi les plus jeunes. C’est l’effet convexe qui est recherché par la plupart des utilisateurs. Pour avoir une photo unique avec un effet filtre sans filtre. Ce qui m’interpelle ici n’est pas la recherche esthétique photographique mais plutôt la justification de recherche d’authenticité de ces adeptes du traffic mirror selfie. Il y a beaucoup de contradictions dans cette jeune génération qui fustige les réseaux sociaux et les filtres mais qui poste des selfies avec ou sans filtre à longueur de journée et qui adepte assidue de la chirurgie esthétique.

En attendant de créer ma propre liste des tendances de consommation qui laissent sans voix (What the f*ck?!), je conseille vivement à chacun de consulter le compte Instagram “Humans of capitalism” - Les être humains issus du capitalisme. Il s’agit d’un compte qui s’amuse à recenser les vidéos et les photos preuves de certaines tendances de consommation interpellantes voire terrifiantes.
Mon top 5 :
Il y a tout d’abord cette influenceuse filmée à son insu, qui fait semblant de ramasser les déchets sur la plage et laisse les sacs poubelle derrière elle.
Cette femme qui joue au golf sur son yacht prenant la mer comme terrain, la balle n’atteignant aucun but.
Un couple de touristes qui se prend en photo à côté d’un graffiti “Tourists rentrez chez vous”.
Cette photographe de bébés qui les met en boîte Barbie pour créer la photo de naissance.
Ou encore ce restaurant qui sert de la mousse au chocolat dans une cuvette de toilette grandeur nature.
Décidément, l'être humain est très étrange.
© Aurélie Russanowska
Chronique diffusée sur La Première RTBF dans l'émission Tendances Première de Véronique Thyberghien le lundi 30 octobre 2023
A revoir sur Auvio

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